Temps de lecture : 5 min. 3
Dans ce temple dédié aux épreuves de galop ou de trot, où les meilleurs pur-sang régionaux et mondiaux s’affrontent, l’endurance des équidés n’a d’égal que celle des intendants, qui s’affairent chaque jour à entretenir avec passion des pistes enherbées. Le point sur une opération pour le moins indispensable : le défeutrage.
Le gazon des plus grands hippodromes de l’hexagone (Chantilly, Longchamp, Paris-Vincennes…) sera-t-il à la hauteur du talent des futurs champions et des prochains challengers, y compris les gagnants des courses les plus prestigieuses ?
Les paris sont ouverts pour cette année, tandis que les intendants espèrent que le gazon soit toujours au top le jour des épreuves. Car de l’entretien du gazon dépend la qualité de la course, afin notamment d’assurer le bon appui des sabots pour un meilleur galop, une meilleure foulée à la corde sans blesser l’animal… et de meilleurs bénéfices pour tous ceux qui ont parié sur leur champion !
D’où l’importance du travail des intendants. Leurs alliés pour obtenir un gazon de qualité : des semences adaptées aux contraintes mécaniques et aux aléas climatiques, des fertilisants (apportés à la juste dose), des canons d’arrosage automatiques correctement installés, des tondeuses hélicoïdales pour une pelouse coupée ‘au ciseau’, des machines d’entretien performantes. Leurs ennemis : les herbes indésirables, les maladies cryptogamiques, le manque d’eau ou bien encore le feutre.
Le feutre… Ce dernier mérite toute l’attention des intendants tant sa présence en trop grande quantité est préjudiciable pour le développement du gazon. Mais avant de savoir comment l’éliminer efficacement, il faut savoir pourquoi !
Le feutre n’est ni plus ni moins que de la matière organique non décomposée qui, en excès et après tassement, forme une couche imperméable à l’air, à l’eau et à l’absorption des minéraux par le gazon ; une sorte d’éponge de plusieurs millimètres ou centimètres d’épaisseur qui facilite la remontée des racines sous-jacentes. Dessous, le sol s’asphyxie.
Conséquences : l’eau s’infiltrant moins bien et ralentissant la décomposition de la matière organique, les maladies se développent davantage, les insectes ravageurs sont plus nombreux, le gazon s’arrache aussi plus facilement par manque d’enracinement en profondeur… Les intendants oublient parfois qu’un gazon feutré est également moins résistant à la sécheresse, au froid, et plus sensible au piétinement ; un comble sur une piste hippique. C’est pourquoi, des opérations de défeutrage sont indispensables, environ 2 à 4 fois par an, afin d’aérer la surface du sol, favorisant ainsi l’infiltration de l’air, de l’eau et des engrais jusqu’aux racines, et réduisant par la même occasion la pression des maladies.
Réalisé généralement avec une machine équipée de plusieurs séries de couteaux entraînés par la prise de force du véhicule porteur, un verticutage s’avère nécessaire lorsque la quantité de feutre est très importante, c’est-dire au-delà de 3 cm. Seul inconvénient, cette opération est nettement plus agressive qu’un défeutrage. En effet, les couteaux éliminent aussi bien le feutre que les ray-grass et les fétuques, autrement dit, les bonnes graminées ! De plus, la vitesse de travail est très faible, impactant fortement l’usure des couteaux.
Donc autant privilégier un défeutrage réalisé plus régulièrement, notamment avec un peigne à gazon ‘sélectif’, à l’instar du modèle ‘Joker’. Ses atouts ? Sans prise de force, il n’extirpe pas les graminées bien enracinées et travaille à des vitesses élevées. Pour l’entretien, un défeutrage est donc préférable au verticutage.
Évacuer les déchets de tonte, générateurs de feutre à court et moyen termes, est indispensable. Pour les inconditionnels du mulching, il est néanmoins recommandé de passer régulièrement le peigne à gazon afin de limiter le développement du feutre. De toute évidence, le ramasser est tout autant primordial pour la bonne tenue du gazon. Plusieurs solutions mécanisées permettent de l’évacuer. À commencer par des andaineurs couplés à l’action des auto-ramasseuses, habituellement utilisés en agriculture, et, dans le meilleur des cas, des remorques aspiratrices (appelées également aspirateurs chargeurs traînés sur PDF).
Plusieurs opérations mécaniques peuvent suivre un défeutrage : par exemple, un carottage avec extraction, puis ramassage et apport d’engrais, suivi d’un semis de regarnissage, d’un sablage (30 à 50 tonnes de sable 0/2), d’un passage de grille ou d’un balai, puis d’un arrosage.
Concernant plus spécifiquement le regarnissage, réalisé à pointes ou à lames, l’objectif est de renforcer la densité du gazon, parfois mise à mal par une concentration trop importante en feutre. Après une rénovation importante, qui consiste à reprendre la planéité du sol et à apporter du substrat, le combiné de semis proposé par Hege donne d’excellents résultats, avec une bonne répartition des semences. Il est également possible, dans un autre cas de figure, de réaliser un carottage pour aérer et décompacter le sol, puis d’intervenir avec un peigne à gazon équipé d’un semoir (en kit chez Hege). On pense bien évidemment au ‘Joker’. Techniquement, alors que la semence tombe dans les orifices de carottage pour germer à l’abri des intempéries, le contact terre-graine est réalisé par l’action des dents à ressort du peigne.
Philippe Foucher est le directeur de la Fédération Régionale des Courses Anjou-Maine.
Entre deux épreuves, il a répondu à nos questions :
– Pourquoi le feutre est-il un inconvénient sur les pistes enherbées des hippodromes ?
"C’est effectivement un réel problème, qui impose des solutions. En période humide ou en présence de brouillard, le feutre est redouté des cavaliers et des propriétaires de chevaux car le sol devient trop glissant… L’asphyxie du sol détruit aussi les graminées. Du coup, la densité du couvert végétal est moindre et les pistes sont dégradées. C’est pourquoi, il est absolument nécessaire d’éliminer le feutre."
– Vous utilisez le Joker 1800 d’Hege. Comment l’utilisez-vous ?
"Non seulement le ‘ Joker ’ est simple d’utilisation, mais c’est aussi un outil qualifié de révolutionnaire dans le milieu hippique. En effet, la machine travaille à des vitesses très élevées, au point de bluffer les professionnels en charge de l’entretien des pistes. Pour l’anecdote, vu la largeur de la machine, ils craignaient au début passer plus de temps sur le terrain. Mais c’est sans compter sur la vitesse de travail élevée du peigne qu’ils ont pu se rendre à l’évidence et constater sa rapidité, sans oublier la qualité du travail exécuté. Les interventions de défeutrage s’effectuent très rapidement !"
– Satisfait donc ?
"Entièrement. Le ‘ Joker ’ correspond parfaitement à nos besoins et à ceux de nos confrères des hippodromes voisins, avec qui on partage la machine. Tous les rendez-vous sont déjà pris cette année pour utiliser la machine, c’est dire sa performance ! Depuis que nous l’utilisons, beaucoup de déchets ont été extirpés, et il fallait voir tout ce qui sortait du gazon. Bien évidemment, le feutre a été ramassé."
– Comment est-il ramassé justement ?
"Tout d’abord, on laisse sécher la matière extirpée afin de l’évacuer plus facilement avec une machine spécifique, plus précisément une remorque aspiratrice imposante, nécessaire au regard de la taille des pistes (30 m de large pour 1 600 m de long minimum). Et en un seul passage, on ramasse tout le feutre. Ensuite, les déchets ainsi récoltés sont stockés sur un site spécifique de l’hippodrome."
– Après cela, réalisez-vous d’autres opérations ?
"Oui, tout à fait, et c’est même le but du jeu ! On aère le sol, on regarnit…"
– Pour conclure, comment pouvez-vous résumer les atouts du peigne à gazon ‘Joker’ ?
"Ses points forts sont sa simplicité, sa facilité d’utilisation, sa vitesse de travail impressionnante, son rendement important... Les professionnels sont littéralement bluffés du résultat obtenu avec une machine de cette taille. Je recommande vivement l’utilisation des peignes à gazon ‘Joker’ dans les hippodromes."