Rouler n’est pas un acte anodin : il s’agit de raffermir le sol sans le compacter, de sélectionner une machine performante et, contrairement aux idées reçues, d’intervenir le moins souvent possible selon une périodicité bien définie.
Objectif : obtenir un beau gazon, exempt de défauts planimétriques, où les joueurs peuvent évoluer dans les meilleures conditions possibles. Alors rouler oui, mais à condition de respecter certains principes…
Comment mieux rouler sinon en utilisant le bon matériel ? Logique diriez-vous, mais en intervenant le moins possible ?
De quoi bousculer les habitudes d’un bon nombre de professionnels, qui ont tendance à multiplier les opérations de roulage dans l’espoir d’obtenir un billard de verdure. Grosse erreur d’après les experts, car bien souvent, ils obtiennent tout l’inverse ! En effet, plus ils roulent, plus ils compactent le sol, ce qui va totalement à l’encontre du but recherché : aérer le terrain au maximum.
A l’opposé, des gestionnaires de surfaces sportives roulent trop peu, voire pas du tout, ce qui n’est guère plus avantageux pour le gazon.
Trop de roulages, pas assez… Toute la question est : où se trouve le juste équilibre ? Aux dires experts, pas plus de deux interventions annuelles ! Notamment en sortie d’hiver, sur un sol dégelé et ressuyé à 100 % afin d’éliminer les poches d’air et les irrégularités dues aux mouvements du sol durant cette période.
Bien exécuté, le roulage n’engendre que des bénéfices pour le sol et le gazon.
Tout d’abord, cette opération élimine les poches d’air au niveau de la rhizosphère et améliore le contact sol-racines, plaquant ainsi contre le substrat en place les moindres radicelles des ray-grass et des fétuques, y compris celles légèrement arrachées sous l’action des crampons, ou souffrant, plus généralement, d’un mauvais enracinement.
Réalisé avant la première tonte d’un gazon fraîchement semé, le roulage raffermit le sol et évite l’arrachement des jeunes plantules, jusqu’alors sensibles à diverses agressions physiques, notamment les lames rotatives des tondeuses et le piétinement parfois intensif des joueurs.
Par ailleurs, bien que cela ne soit pas encore prouvé, il semblerait également que le roulage favorise le tallage des graminées. En pratique, il faut juste rouler sur un sol légèrement humide, lorsque les gelées sont terminées, c’est-à-dire en mars ou en avril selon les régions, et en présence d’un feuillage sec.
Durant l’hiver, les cycles de gel et de dégel gonflent le sol, créent en conséquence des mouvements de terre et engendrent par la suite la formation de petites poches d’air, responsables de ‘vides’ dans le substrat où évolue le gazon. Un phénomène d’autant plus prononcé en présence d’un sol sableux qui, étant plus léger qu’un substrat argileux, aura tendance à se soulever plus facilement. Sans compter, sur ce genre de substrat, la formation de petites irrégularités en surface, disgracieuses visuellement et techniquement, notamment lorsqu’il s’agit de taper dans la balle. D’où l’impérieuse nécessité de rouler le terrain. Sous l’action d’un rouleau indépendant, suffisamment lourd et d’une largeur maximale (veillez à bien utiliser un rouleau dont les bords sont arrondis pour éviter de marquer la surface !), le sol sera raffermi, sans être pour autant compacté. Les défauts planimétriques du terrain et les poches d’air sous-jacentes seront ainsi éliminés !
Outre son action au niveau du sol, le gel a une incidence non négligeable sur le gazon, dont les limbes suivent inévitablement les mouvements de terre.
Résultat : racines et radicelles deviennent apparentes et se désolidarisent du sol.
Encore une fois, le roulage, réalisé après la première tonte en sortie d’hiver ou, le cas échéant, pendant la période hivernale suivant les conditions climatiques locales, permet d’aplanir le terrain et de rétablir le contact sol-racines, surtout s’il s’agit d’un sol sableux. Attention cependant à n’intervenir qu’en présence d’un sol parfaitement dégelé et ressuyé.
Et inutile de chercher à éradiquer à tout prix les vers de terre qui peuplent les sols, y compris sportifs, car, comme les intendants le savent, ce sont de précieux alliés, qualifiés souvent de jardiniers à temps plein ! Ils recyclent la matière organique, enrichissent les sols en éléments nutritifs, aèrent naturellement les substrats, améliorent le contact du sol avec les racines… Les intendants doivent simplement trouver une solution pour éliminer les turricules, qui sont ni plus ni moins les déjections des vers de terre, et dont les effets négatifs sont malgré tout nombreux (surface déformée, sol glissant, terre collante sous les crampons des joueurs, terrain ‘inesthétique’…).
Il perturbe même le développement des adventices à port rampant, défeutre, démousse… En somme, une machine tout en un, qui évite aussi à l’intendant de cumuler des outils spécifiques (rouleau, peigne, défeutreur…), pour autant de contrats d’entretien, d’assurance… Autant privilégier la polyvalence ! Techniquement, le Rapido, qui s’avère également efficace pour entretenir des surfaces stabilisées, intègre un rouleau de ré-appui d’1,8 m de large et reprend la même configuration que le peigne ‘Joker’. Cette herse étrille peut d’ailleurs aisément remplacer des opérations de roulage en pleine saison.
Car, il faut bien l’avouer, rouler un gazon en dehors de la saison hivernale n’est pas indispensable, surtout si le gazon est maintenu régulièrement à ras à l’aide d’une tondeuse hélicoïdale munies de rouleaux.
Rouler est même déconseillé, à cette période, sur des surfaces sportives, au risque de compacter le sol trop sévèrement.
Dans tous les cas, lors d’un roulage, il est conseillé de ne pas travailler trop vite, d’assurer un bon contact entre le rouleau et le sol (pas de ‘sautillements’ de la machine en cours d’opération) et de ne pas intervenir sur un sol trop sec, au risque d’endommager et de déstabiliser les racines du gazon.
Tous ces bons conseils sont à suivre par les intendants pour qu’ils n’arrivent pas au bout du rouleau !